Claude  Mauriac
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Le Temps immobile 1
Ti1
Ti1poche

Incipit

Venise, dimanche 13 septembre 1936.

Venise, devant moi, au réveil, me déçoit. Mais c’est ici l’automne, et l’automne de chez nous. La lumière, sur les palais du Grand Canal, m’émeut parce qu’elle me rappelle le Malagar de septembre. Le quitte l’Hellas sans tristesse. Je n’ai pas un regard pour le long steamer blanc. Ai-je vraiment tellement changé, moi qui étais toujours si sensible aux séparations, à la disparition de ce qui ne sera jamais plus ? Une gondole nous mène à l’hôtel Monaco où nous logeons. L’Hellas est mouillé en face.
J’erre à travers Venise et suis déçu : le temps est gris, triste, la somptuosité inutile de la ville me paraît grandiloquente après la simplicité des ruines grecques.

Quatrième de couverture

Quand on s’appelle Claude Mauriac, qu’on est le fils de François, qu’on a connu de près Gide, Malraux, Cocteau… et tout ce qui compte depuis un demi-siècle dans la vie des Lettres en France ; quand on tient son journal intime depuis l’adolescence et qu’on y a noté chacune des rencontres avec ces grands hommes : il suffirait, semble-t-il, de publier telle quelle la suite de ces pages pour offrir au lecteur un livre passionnant.
Pourtant,
Le Temps immobile est beaucoup plus qu’un irremplaçable témoignage. L’aspect documentaire est relégué au second plan par l’ambition, pour la première fois conçue et réalisée, de fabriquer avec les pièces d’un journal intime ce que Joyce a réussi à faire avec les morceaux traditionnels du récit, ce qu’Eisenstein et les cinéastes réalisent avec les plans photographiés : un montage. Le montage ! Parole magique qui sert à indiquer ici une méthode destinée à trouver dans la masse des faits vécus et enregistrés des rapprochements imprévus, des coïncidences inopinées et merveilleuses, qui les arrachent à leur précarité et composent avec les bouts envolés du temps une œuvre d’art capable de les sauver de l’oubli.
C’est ainsi que Claude Mauriac tantôt groupe à la suite les souvenirs relatifs à un des personnages qu’il a connus, même si ces souvenirs s’échelonnent sur plusieurs années ; tantôt rassemble, sous le même jour du même mois, des pages écrites à des années d’intervalle, si lointaines quelquefois l’une de l’autre que trente ans, quarante ans les séparent. Le résultat est extraordinaire…
Le temps immobile, le temps retrouvé. Une grande œuvre, qui fera date dans l’histoire des techniques littéraires et, plus profondément, poursuit le même but qui hante tous les artistes : assurer la victoire de l’esprit sur la mort.

 

Table des matières

 

I. La Croix du Sud

II. Les paliers de décompression

III. Les trous du filet

IV. La rumeur des distances traversées

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