Le Fonds Claude Mauriac au département des Manuscrits
En 1992, Claude Mauriac choisissait de faire don des manuscrits de ses œuvres à la Bibliothèque nationale ; ils occupent aujourd’hui vingt-quatre boîtes d’archives alignées dans les réserves du département des Manuscrits, non loin des cahiers à paperoles de « l’Oncle Marcel », des poèmes d’Apollinaire ou des brouillons de Sartre, et comme eux participant au temps tour à tour immobile et retrouvé de la bibliothèque… Soit l’essentiel des romans, dont le cycle complet du Dialogue intérieur (Toutes les femmes sont fatales, Le Dîner en ville…), un peu de théâtre et la plupart des volumes du Temps immobile. Manuscrits ? Encore faut-il employer le terme dans son acception la plus large. Car Claude Mauriac ayant pris très tôt l’habitude d’écrire directement à la machine, ce sont surtout des dactylographies qui composent ce fonds ; mais des dactylographies suffisamment chargées de corrections manuscrites et de variantes dactylographiques (repentirs, déplacements, transformations) pour permettre d’entrevoir quelques-unes des étapes et des opérations propres à son écriture. Quelques-uns de ses enjeux aussi. On connaît les réflexions critiques de Claude Mauriac, sa proximité avec le nouveau roman, et l’importance qu’il a accordée à la structure de ses livres, censée recomposer une nouvelle temporalité en juxtaposant des fragments de textes. Tout cela apparaît au cours de son travail, et en particulier sa pratique du « montage » : déjà à l’œuvre dans ses créations romanesques, elle s’épanouit avec la construction du Temps immobile et fait de la préparation de ces singuliers Mémoires, affranchis de l’ordre chronologique du Journal intime et ouverts sur la parole des autres, un immense et spectaculaire patchwork de moments d’écriture, d’instances narratives, de strates de papiers – un traitement de texte(s) avant la lettre où l’usage de la photocopieuse et du ruban de scotch viendrait relayer celui de la machine à écrire. Quant aux premières esquisses, elles se devinent à travers quelques rares dossiers strictement manuscrits : notes minuscules regroupées dans de petits livrets qui miment les livres à venir, brouillons et scénarios entremêlés de dessins rêveurs ou ludiques et jetés sur des feuilles volantes, et même un texte d’extrême jeunesse dont l’auteur cherche encore sa voix et son nom… Fragments doublement suggestifs par leur charme graphique, et par l’impression qu’ils continuent à nous donner d’une présence plus immédiate de l’écriture. Ou de l’écrivain. Marie-Odile Germain
Inventaire sommaire
Le Temps immobile. Le Temps accompli 1. Le Temps immobile 1. 2. Le Temps immobile 2 (Les Espaces imaginaires). 3. Le Temps immobile 3 (Et comme l’espérance est violente). 4-5. Le Temps immobile 6 (Le Rire des pères dans les yeux des enfants). 6. Le Temps immobile 7 (Signes, rencontres et rendez-vous). 7. Le Temps immobile 8 (Bergère ô tour Eiffel). 8. Le Temps immobile 9 (Mauriac et fils). 9. Le Temps immobile 10 (L’Oncle Marcel). 10. Varia du Temps immobile. 11. Conversations avec André Gide. Montage original. 245 ff. 12. Le Temps accompli 1. 13. Histoire de ne pas oublier.
14. Toutes les femmes sont fatales. 15-16. Le Dîner en ville. 17. La marquise sortit à cinq heures. 18. L’Agrandissement. 18 bis. « Le Dialogue intérieur », dossier de préparation de L’Agrandissement (avec conférence sur le nouveau roman), dactylographie corrigée (fragments). 19-20. L’Oubli. 21-22. Trans-amour-étoiles. 23. Journal d’une ombre. Notes, manuscrit, dactylographie corrigée. 24. La Conversation. |
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