Claude  Mauriac
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De la littérature à l’alittérature

Quatrième de couverture

Alittérature, ce mot créé il y a onze ans par Claude Mauriac est, depuis, passé dans le langage courant de la critique littéraire.
C’est aux écrivains d’avant-garde, d’Antonin Artaud à Georges Bataille et de Nathalie Sarraute à Alain Robbe-Grillet, que l’auteur de L’Alittérature contemporaine consacrait en 1958 ses analyses. Il notait alors :
« L’alittérature (c’est-à-dire la littérature délivrée des facilités qui ont donné à ce mot un sens péjoratif) est un pôle jamais atteint, mais c’est dans sa direction que vont, depuis qu’il y a des hommes et qui écrivent, les auteurs honnêtes. Aussi l’histoire de la littérature et celle de l’alittérature sont-elles parallèles. »
D’où ce nouvel essai,
De la littérature à l’alittérature, où Claude Mauriac étudie des écrivains d’autrefois, littérateurs par excellence et alittérateurs en puissance, de Froissart à Flaubert.
Ainsi sont décelées les sources de l’alittérature contemporaine. Claude Mauriac doit non seulement à ses travaux critiques mais à ses propres recherches romanesques de pouvoir lire d’un regard neuf les chefs-d’œuvre de la littérature française. Si nous nous trouvons peu dépaysés, ce n’est point parce que ces auteurs, de Retz à Cyrano de Bergerac, de Le Sage à Diderot, de Nodier à Hugo, sont tellement célèbres que nous croyions ne plus rien avoir à en apprendre. C’est au contraire parce que ce que nous prenions aujourd’hui, dans la littérature la plus avancée, pour des découvertes, est plutôt la forme actuelle d’une recherche d’âge en âge et d’auteur en auteur poursuivie. Si bien que nous trouvons, avant la lettre, du Samuel Beckett chez Paul Scarron et du Nathalie Sarraute chez Marivaux.
La littérature pure en pure alittérature tend à se fondre à chaque époque dans les œuvres qui, au lieu de répéter celles qui les ont précédées, essayent des formes nouvelles. Claude Mauriac s’engage dans des chemins anciens, où nous sommes en pays de connaissance pour, soudain, partir avec nous en reconnaissance. Les bonheurs de la culture et les joies de l’exploration s’allient subtilement. À l’alacrité de l’auteur répond, du même élan et dans la même joie, celle du lecteur.

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Incipit

Francis Ponge écrivait en 1965 dans son Pour un Malherbe, en s’admirant lui-même de son audace : « La véritable avant-garde est devenue capable de prendre en charge les meilleurs de nos classiques et de les assumer. » En fait, chaque école nouvelle se découvre, dans le passé, des maîtres, des amis et des frères. Ainsi André Breton sut-il reconnaître les siens, de Swift à Sade et de Poe à Lewis Carroll. Choix qui, étant donné la nature du surréalisme, ne pouvait être que restrictif. D’où, encore, la méfiance de beaucoup quant à un passé plus ou moins récusé. Nous nous sentons plus ouverts, radars décelant et captant dans la nuit du passé ce qui déjà nous ressemblait, nous annonçait ; ce qui était exploité déjà, et que nous croyions dans notre naïveté avoir découvert.
Nous : les romanciers et critiques alittéraires qui ne cessons de relire les classiques pour y apprendre et pour y prendre…

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