Dès son enfance, Claude Mauriac s’est adonné à l’écriture. En 1925 (à onze ans), il commence un Journal. En 1927, il rédige un roman, Où mène l’amour, qu’il se fait confisquer au collège. Avec le besoin d’écrire naît le désir d’être publié. Il attend dix-sept ans pour s’y risquer et sous un pseudonyme. Il ne peut se servir du nom de son illustre père, alors il le retourne : Mauriac donne Cairuam. Ainsi va-t-il signer ses interventions dans L’Intermédiaire des chercheurs et curieux et dans La Chronique Médicale. La revue L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, sous sa forme première, de 1864 à 1940, proposait des échanges entre érudits. Bimensuelle, chaque livraison comportait généralement trois sections : la première concernait les questions posées, la deuxième les réponses, la troisième les « trouvailles et curiosités ». Claude Cairuam est intervenu dans les trois. La Chronique médicale, sous-titrée « revue mensuelle de médecine historique, littéraire et anecdotique », parut mensuellement depuis 1896. Comment Claude Mauriac l’a-t-il connue ? Par son oncle médecin, le professeur Pierre Mauriac ? La question reste posée. Notre jeune auteur y donna au moins quatre articles en 1932. La Revue des Etudes Napoléoniennes parut chez Alcan entre 1912 et 1940. Claude Mauriac y publia au moins un texte. Le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France a permis de retrouver ces textes. Notre propos est de les rassembler ici pour « les chercheurs et curieux » et pour les « fans » de Claude Mauriac, en les encadrant par les mentions de son Journal. Bruno Beckert et Jean Allemand |
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JOURNAL DE CLAUDE MAURIAC
Je reçois l’Intermédiaire et répond à l’aide de mon dictionnaire des proverbes à l’une des questions « posée par un aimable intermédiariste » [1er février 1931, inédit]
Je reçois les épreuves de mes questions et réponses à « l’Intermédiaire ». Je les corrige et les renvoie. Je suis très ému de voir pour la première fois quelque chose de moi imprimé » [11 février 1931, inédit]
L’INTERMEDIAIRE DES CHERCHEURS ET CURIEUX (15 février 1931)
L’amitié de Collot d’Herbois et de Billaud-Varenne. — Un aimable intermédiariste serait-il à même de me donner des renseignements sur l’amitié qui unit durant la Révolution et jusqu’à leur mort les deux conventionnels Collot d’Herbois et Billaud-Varenne ? De quelle date se connaissaient-ils ? Tous deux députés de Paris à la Convention ils entrèrent en même temps au Comité de Salut public où ils représentaient la faction hébertiste. Pour les distinguer des « gens d’examens » on les appelle les « Révolutionnaires ». Toujours unis en Thermidor, ils collaborent tous les deux à la chute de Robespierre mais la réaction thermidorienne les déporte à la Guyane. Les deux amis tombent malades et sont soignés dans le même hôpital mais tandis que Billaud-Varenne guérit et vit encore de nombreuses années (en effet il mourut à Cayenne en 1819) Collot d’Herbois s’éteint dans les plus grandes souffrances le 8 janvier 1796. Je serais reconnaissant à un intermédiariste s’il pouvait aussi m’indiquer des livres ou des articles concernant ces deux conventionnels (colonne 90). Claude Cairuam
Le conventionnel Richard. — Pourrais-je avoir quelques renseignements biographiques sur le conventionnel Richard qui fut membre du Comité de Salut public après la chute de Robespierre et dont je n’ai pas trouvé mention dans les dictionnaires que j’ai à ma disposition (col. 97). Claude Cairuam
L’INTERMEDIAIRE (28 février 1931)
Un duel du vicomte de Mirabeau. — Pourrais-je avoir des renseignements sur un duel qu’eurent le vicomte de Mirabeau et le futur conventionnel girondin Kervélégan. Je n’en ai vu faire mention que dans le grand Larousse (col. 138). Claude Cairuam
Le Comte de Montmorin. — Je désirerais avoir des renseignements sur le comte Victor Lux (ou Luce) de Montmorin officier au régiment de Flandres lors de la Révolution et qui périt – je crois – dans les massacres de septembre 1792 ? (col. 146) Claude Cairuam
Vémars. — Un aimable intermédiariste serait-il à même de me donner des renseignements sur l’ancienne seigneurie de Vémars (Seine-et-Oise) dont un La Tour d’Auvergne était le seigneur avant la Révolution. Ce fief dépendait de l’abbaye de Ste-Geneviève (col. 146). Claude Cairuam
Proverbes à citer (XCIV, 52) — [Claude Cairuam en cite un certain nombre de Picardie, d’Artois, de Provence, de Gascogne et de Lorraine, col. 181-182, voir fac-similé]
JOURNAL
Je reçois L’Intermédiaire. Il y a les réponses à deux de mes questions (Richard et Collot). [19 mars 1931, inédit]
L’INTERMEDIAIRE (31 mars 1931)
L’ambulance de l’armée de l’Ouest durant la restauration. — Je possède dans ma collection d’autographes un document au sujet duquel je désirerais avoir quelques renseignements. Il s’agit d’un rapport adressé au Comité de Salut Public, daté du 8 mai 1791 et dont la partie principale est ainsi libellée « Le citoyen Laribeau, chirurgien consultant, Inspecteur des hospices militaires de l’armée de l’Ouest, représente tout le danger de n’avoir pas sur le champ de Bataille, des officiers de santé et un approvisionnement suffisant pour porter les premiers secours aux blessés. La Commission de santé « donna son avis » en signant et en apposant le cachet « Approuvé » du comité de salut public. Ont signé : Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, Threilbard, Thuriot, Bréard et Eschassériaux. Est-ce que vraiment il n’y avait pas d’ambulance à l’armée de l’ouest avant cette date ? Le comité fit-il le nécessaire ? En outre le rapport dont je viens de parler est mal signé. J’y lis Touin ou Tousin ou Cousin. Serait-il possible de savoir qui est ce personnage ? Enfin j’accueillerai avec plaisir tout renseignement sur ce document et je remercie d’avance les aimables confrères de « l’intermédiaire » qui voudront bien y répondre. (col. 234-235) C. Cairuam
JOURNAL
Arrivée à Paris à 7 h [de Villard de Lans] où nous prenons un taxi qui nous mène à la maison ou je trouve « l’Intermédiaire » avec plusieurs choses de moi ou tout au moins me concernant. [11 avril 1931, inédit]
Je reçois l’Intermédiaire. [17 avril 1931, inédit]
Je compulse des bouquins pour répondre à une question de l’Intermédiaire sur Voltaire et Rousseau [18 avril 1931, inédit]
L’INTERMEDIAIRE (30 avril 1931)
Prophéties et curiosités sur Napoléon. – Lenôtre dans un article qu’il écrivit pour le Monde illustré (1896-1-243) rapporte une prophétie datée de 1542, de Philippe-Noël Olivarius. Il raconte qu’en 1793, alors qu’on brûlait toutes les bibliothèques, François de Metz conserva un petit livre qui contenait une prédiction étrange à laquelle il ne comprit naturellement rien et pour cause. La voici du reste presque en entier. La Gaule verra naître non loin de son sein un être surnaturel. Cet homme sortira tout jeune de la mer, viendra prendre langue et mœurs sur les Gaulois, s’ouvrira encore jeune à travers 1000 obstacles un chemin chez les soldats et deviendra leur premier chef… Outre mer sera un guerroyant avec grande gloire et valeur et guerroiera de nouveau l’Italie, donnera des lois aux Germains, et peu après sera appelé impérator par grand enthousiasme populaire, la taillera par tout l’empire, déclassera princes, seigneurs, rois et sera vu par son armée forte de 49 fois 20.000 piétons armés. Il portera en dextre main un aigle signe de la victoire, s’en viendra dans la grande ville ordonnant force grandes choses : édifices, ponts, canaux, fera à lui tout seul par grandes richesses autant que tous Romains. Aura deux femmes et un seul fils. S’en ira guerroyant jusqu’où se croisent les lignes latitude et longitude 55 mois ; là ses ennemis brûleront par feu la grande ville et lui y entrera et sortira avec les siens de dessous cendres et les siens n’auront plus ni pain ni eau, par grande froidure, telle que les 2/3 de son armée périront. Cette prédiction étonnante fut, assure Lenôtre, montrée à Napoléon le lendemain de son sacre et il paraît qu’il en fut très ému. Je désirerais savoir si cette prophétie est vraiment authentique. Dans ce cas où se trouve le livre qui la contient et quelles preuves a-t-on de la connaissance que Napoléon en eut ? Lenôtre cite aussi dans un de ses articles cette prédiction de Nostradamus qui pour être moins explicite que la précédente n’en est pas moins aussi curieuse et pour laquelle se pose [sic] les mêmes questions : Un empereur naîtra près d’Italie Le chevalier de Bauterne rapporte dans ses mémoires que dans la nuit du 15 au 16 août 1769 (Nuit de la naissance de Napoléon Bonaparte), Frédéric le Grand étant alors à Breslau eut un rêve, qu’il raconta en ces termes le matin du 16 août en se réveillant à un de ses aides de camp : Sauriez-vous, lui dit-il, expliquer un rêve dont je suis préoccupé ? Et le chevalier de Bauterne ajoute : L’incrédulité pourra nier le rapport mystérieux de ce songe avec l’existence de Napoléon, mais elle ne pourra contester la vérité du fait en lui-même, ni la coïncidence des dates puisque tout se trouve écrit dans les biographies et dans les histoires de Frédéric III imprimées en Allemagne avant et depuis la mort de ce souverain quand Napoléon n’était qu’à peine élève de Brienne ou officier d’artillerie. Quelles sont les preuves de ce que Bouterne avance ? Où pourrait-on consulter les traductions françaises des biographies et histoires dont parle Bouterne ? Est-ce que vraiment Napoléon – comme l’assure Lenôtre (Monde illustré, 1896-2-141) – parla-t-il de ce songe à Wieland qui lui en garantit l’authenticité ? Dans ce cas Napoléon aurait dit : Menace étrange que le rêve… Il y a du sinistre pour nous, car l’étoile de celui qui est vivant doit être vaincue par l’étoile de celui qui est mort. Que devait penser de tout cela Napoléon qui était déjà fort porté à la superstition ? On dit qu’il était fort troublé par l’anomalie que présente son nom. En effet, si on écrit Napoléon en caractères grecs, en prenant soin de faire disparaître progressivement la première lettre, on obtient les mots suivants : [en lettres grecques où le second o est un oméga] Napoleôn, Apoleôn, poleôn, oleôn, leôn, eôn, ôn. Ce qui peut se traduire : Napoléon étant le lion des peuples, allait détruire les cités… Je m’intéresse énormément à ces petits côtés de l’Histoire que je compte du reste réunir et publier un jour et je serais reconnaissant à ceux de mes confrères de l’Intermédiaire qui connaîtraient des prophéties de ce genre, et voudraient bien m’en faire part. Il en existe aussi de forts curieuses sur la Révolution, témoins celle de l’évêque français, Pierre d’Ailly en 1414 et qui a été, paraît-il, imprimée en 1496 à la suite des œuvres de Gerson : En 1789, il y aura nombreux, grands, extraordinaires changements et troubles dans le monde, principalement en ce qui concerne les institutions. Très curieux, évidemment, mais est-ce authentique ? (col.329-332) Claude Cairuam
JOURNAL
Je reçois l’Intermédiaire et le fais voir à [Claude] Guy et François [Valéry] pour qu’ils s’y abonnent [4 mai 1931, inédit] Le soir je rentre avec [Claude] Guy et il vient à la maison voir des numéros de l’Intermédiaire [6 mai 1931, inédit]
L’INTERMEDIAIRE (15 mai 1931)
Les manuscrits de Molière. — Nul n’ignore que nous ne possédons aucune ligne de la main de Molière mais seulement quelques signatures. J’ai lu récemment une étrange histoire sur les manuscrits de Molière. C’est Georges Lenôtre qui la raconte et pour la connaître en détail il est facile de s’y reporter dans le Monde illustré (1898-2-443). Il nous apprend donc que sous la Restauration un paysan vint avec sa charrette à la Bibliothèque Nationale et demanda le directeur. Il n’est pas là, lui dit un gardien. Mais pourquoi venez-vous ? Cette bizarre histoire est-elle authentique ? J’aimerais avoir sur cette affaire quelques nouveaux détails… Mais hélas ! le mystérieux paysan a dû brûler ses précieux papiers… A moins qu’il se soit ravisé et qu’un de ses arrières petits-fils un de ces jours ne la découvre au grenier, la malle de « Monsieur Molière » est bien perdue pour nous. (col. 386-387) Claude Cairuam
Proverbes à citer (XCIV, 52) — [Claude Cairuam en cite un certain nombre, col. 419-420]
JOURNAL
Je reçois l’Intermédiaire (20 mai 1931, inédit) Bonne journée à la maison entre mes autographes, la Révolution et l’Intermédiaire qui me passionne – soit dit en passant – énormément. (22 mai 1931, inédit) Je bouquine pour l’Intermédiaire (sur Iberville, Fayparet) […] Je fais de grandes recherches sur la Taille et dévore la correspondance administrative du siècle de Louis XIV et les lettres des Intendants pour répondre à une question de l’Intermédiaire. (23 mai 1931, inédit) Je travaille pour l’Intermédiaire sur la guerre de 70. Je bouquine les rapports de la commission d’enquête qui la suivit. C’est passionnant. (25 mai 193, inédit) Recherche sur la mandragore pour l’Intermédiaire. (27 mai 1931, inédit) A la maison je trouve des épreuves de l’Intermédiaire que je corrige. (28 mai 1931, inédit) Je repars avec papa et maman pour aller chez mon confrère de l’Intermédiaire, E. Henriot (30 mai 1931, inédit)
L’INTERMEDIAIRE (30 mai 1931)
Remboursement de petits coupons, 1790. — J’ai entre les mains une lettre du conventionnel Camus au sujet de laquelle j’aimerais avoir quelques renseignements. Elle est datée de Paris, le 31 septembre 1790 : J’ai beaucoup de plaisir à conférer avec vous, Monsieur, lors même que je ne sois pas de votre avis, et j’avoue que je n’en suis pas, sur le remboursement des petits coupons. On l’avait promis : on devait le faire et c’est encore mieux d’en avoir rapproché le terme. Ils circulaient et c’était un avantage, mais il circuleront encore mieux après l’annonce de leur remboursement : Je suis persuadé qu’on n’ira pas les changer parce qu’on sera assuré qu’au moment où on voudra on aura de l’argent… Qu’étaient ces petits coupons dont parle Camus ? pourrais-je avoir des détails sur leur compte ? (col. 425-426) Claude Cairuam
Le comte de Montmorin (XCIV, 146, 355). — Notre confrère Herluison a mal interprété la question que j’avais posée ici même il y a quelque temps, mais il faut l’avouer, sans la préciser assez. Je voulais parler de Louis Victor Hyppolite Luce de Montmorin né à Fontainebleau le 13 septembre 1762. J’ai découvert du reste depuis un document qui oriente d’un tout autre côté ma question. Il s’agit d’un « Mémoire pour demander un congé avec appointement pour 3 mois à datter du 15 may » adressé par Montmorin au ministre de la guerre et daté de Versailles le 20 avril 1791. Le comte de Montmorin résume dans ce document sa vie militaire, ce qui m’a renseigné en partie sur ce que je demandais ici même dernièrement puis il ajoute : Monsieur de Montmorin a l’honneur de représenter à Monsieur Duportail qu’étant récemment chargé d’affaires très importantes qu’il n’a pu terminer pendant son séjour à Versailles, il a un besoin indispensable d’un congé de trois mois avec appointements à datter du 15 mai prochain. Il croit mériter cette grâce du roi, ayant servi tout l’hiver dernier, ce qui fait 6 mois de plus qu’il n’y était obligé. Et Montmorin signe après avoir ajouté de sa main : Je réclame les bontés du ministre de la guerre pour faire valoir auprès de sa Majesté les justes raisons que j’ai pour demander un congé. Quelles sont les « affaires importantes » dont parle Montmorin ? Je recevrais toujours avec plaisir les renseignements qu’on voudra bien me donner sur sa vie mais je désirerais particulièrement savoir, s’il est possible, la raison pour laquelle Louis Victor Hyppolite Luce de Montmorin demanda le congé qui tomba par hasard sous mes yeux, il y a quelques jours et que j’acquis à un libraire de Bordeaux. En furetant un peu partout j’ai trouvé par ci par là quelques faits précis mais encore bien insuffisants sur la vie de Montmorin que je désirerais bien connaître. Parmi ceux-ci un surtout m’intéresse particulièrement. Je lis en effet à l’article Montmorin dans le Grand Larousse : … Dénoncé comme suspect et aristocrate il sortit de France puis y rentra, fut arrêté et conduit à la conciergerie où il périt lors du massacre du 2 septembre. Ne peut-on pas voir une corrélation entre la demande congé et la fuite à l’étranger de Montmorin ? Dans ce cas pourquoi revint-il en France ? Est-ce pour aider la famille royale ? De toutes mes recherches il ressort en effet, qu’il donna de grandes preuves de dévouement au roi. Le Dictionnaire de la conversation assure même qu’il fit partie des chevaliers du poignard. J’aimerais bien avoir la preuve de cette assertion. En un mot, je serais reconnaissant aux confrères de l’Intermédiaire qui seraient à même de me donner des renseignements sur ce document et sur la vie et l’attachement au roi de Louis Victor Hyppolite Luce de Montmorin, fils d’un gouverneur de Fontainebleau, gouverneur lui-même de cette ville, né en 1762 et mort en 1792, parent je crois du Montmorin St-Herem avec lequel le confondit notre confrère Herluison. (col. 453-455) Claude Cairuam
JOURNAL
Je reçois l’Intermédiaire. On y parle beaucoup de moi. Je suis très fier. [4 juin 1931, inédit] Arrivés à Vémars où nous mangeons des cerises. Je travaille à un article sur Napoléon pour l’Intermédiaire. [6 juin 1931, inédit] Après dîner je montre à maman et à papa ce qui me concerne dans l’Intermédiaire. [8 juin 1931, inédit] Papa m’apprend à corriger les épreuves sur celles que j’ai reçues de l’Intermédiaire. « On dirait une mère canard qui apprend à son petit à nager », dit-il [9 juin 1931, inédit] Je vais à la bibliothèque de Paris où je fais de fort intéressantes recherches sur les débuts de l’Ecole Militaire. [11 juin 1931, inédit] Après dîner je lis les journaux et réécrit un article pour l’Inter : l’Ecole Militaire. [15 juin 1931, inédit] Je vais […] à la bibliothèque de Paris. Recherches passionnantes sur Desaix. Je compulse maints documents de la Révolution. Je rédige un « Trouville » pour l’Intermédiaire (Barrère). [18 juin 1931, inédit] Je reçois l’Intermédiaire [19 juin 1931, inédit] Je prends des notes sur Napoléon. [24 juin 1931, inédit] Je reçois un énorme paquet d’épreuves. Quelle barbe ! Je suis tout de même content. [26 juin 1931, inédit] Après la classe je vais à la B[ibliothèque] H[istorique] de la V[ille] de Paris puis sur les quais. [30 juin 1931, inédit]
L’INTERMEDIAIRE (15 juin 1931)
Robespierre, son père et quelques points obscurs. — La mystérieuse disparition du père de Robespierre est un de ces quelques points obscurs de la vie du grand conventionnel. Il est établi (l’histoire rapportée dans une vieille brochure « le règne de Louis XVII » a été depuis contrôlée par M. G. Lenôtre aux Archives), il est établi, dis-je, qu’en pleine Révolution Robespierre envoyait des fonds à un émigré par l’intermédiaire de Mme de Verdun qui plus tard, grâce à la demande écrite de Robespierre « de lui fournir le moyen de faire passer des secours à un parent » sauva son mari de l’échafaud en menaçant « l’incorruptible » de rendre public son billet. « Certes, dit Lenôtre, Robespierre devait avoir de bien graves motifs pour se mettre ainsi en rébellion contre les plus sévères lois qu’il avait lui-même contribué à édicter. Quel était cet émigré ? Son père peut-être. N’y aurait-il pas là une piste curieuse à suivre et de l’inédit à découvrir ? » Un confrère connaîtra-t-il d’autres détails sur cette histoire ? D’autre part – et c’est là un autre de ces points obscurs dont je parlais tout à l’heure – on racontait à Arras au moment de la Révolution une chose étrange sur l’origine de Robespierre. On sait que Damiens, le « meurtrier » de Louis XV, avait deux frères qui se nommaient l’un Robert et l’autre Pierre. Ceux-ci avaient été obligés par l’arrêt de la cour de changer leur nom maudit. Les deux frères auraient alors réuni leurs noms de baptême et auraient pris définitivement celui de Robert-Pierre qui par une élision et une liaison facile serait devenu Robespierre. L’un des deux frères disparut quelque temps après, l’autre vint se fixer à Arras puis au bout de quelques années disparut sans qu’on entendit plus jamais parler de lui. Lenôtre cite plusieurs fois cette « légende » sans y ajouter foi. Il y a pourtant quelques faits troublants : Pourquoi un des premiers ouvrages de Maximilien Robespierre fut-il un discours adressé à l’académie de Metz, où il attaquait le préjugé injuste et stupide qui mêlait toute une famille à l’infamie d’une condamnation ? De plus la disparition du père de Maximilien dont je parlais tout à l’heure (il abandonna sa quatre enfants après la mort de sa femme et erra, désespéré, à travers l’Europe) semble coïncider avec le départ du frère de Damiens. Il serait, je crois, intéressant pour la petite histoire d’approfondir cette légende – trop belle pour être vraie – mais qui contient peut-être comme toute légende populaire, un fond de vérité. (col. 474-475) Claude Cairuam
La Noblesse et la taille (XCIV, 378). — Extrait d’une lettre de M. Sauvin, syndic de la noblesse de Provence au Contrôleur Général [lettre du 9 octobre 1699, sur le droit de compensation et sur le privilège forain, extrait de 28 lignes] De cette lettre il résulte, que, lorsque la taille était réelle – comme en Provence et en Languedoc – les nobles en étaient exempts pour leurs fiefs mais ils y étaient assujettis – comme du reste tous les privilégiés, pour les biens roturiers qu’ils possédaient en censive. La taille était essentiellement roturière puisqu’un gentilhomme qui avait été dégradé y était soumis et que lorsqu’un roturier prenait des lettres de noblesse on l’en tenait pour exempt. Il est à noter qu’en août 1715 Louis XIV publia un règlement portant l’abolition de toutes les exemptions existantes. Cet arrêt avait déjà des précédents. En 1540 François Ier avait déclaré que dans les Quercy, tous les biens ruraux privilégiés ou non seraient soumis à la taille. De même en 1598 Henri IV révoqua tous les affranchissements de taille accordés depuis 20 ans. (col. 487-488) Claude Cairuam
Envahissement de la Normandie en 1870 (XCIII, 859). — Le département de la Seine-Inférieure devait inévitablement être convoité par les Allemands qui étaient certains d’y trouver des ressources incalculables et un ravitaillement assuré. L’ennemi cantonné à Gisors et à Beauvais essaya d’abord vainement de couper la voie ferrée d’Amiens à Rouen. Pendant ce temps les autorités locales de la Seine-Inférieure travaillaient à organiser la défense. Le 1er décembre 1870 elles avaient à opposer aux Allemands un peu moins de 20.000 hommes et 24 pièces de canon. C’est à cette date que l’on apprit tout à coup l’arrivée d’un corps prussien de 25.000 hommes que commandait le général Manteuffel et qui disposait de 50 pièces d’artillerie. Aussitôt le général Briand qui commandait à Rouen rassembla toutes ses forces à Buchey au nord est de la ville. L’ennemi apparut peu après à Neuchâtel, à forges et sur les hauteurs de Lyon. Le 4 décembre, à 4 h 20 du soir, Leplieux, secrétaire général de la préfecture de la Seine-Inférieure envoyait au ministre de la guerre la dépêche suivante : Position devient très grave près Rouen, ennemi en forces s’avance rapidement par un mouvement tournant sur la ville. La population de Rouen et environs va être appelée aux lignes de défense inachevées. Le même jour, la lutte s’engagea sur plusieurs points : A Buchez, à Clères et à Fleury. Tout d’abord nos troupes résistèrent, mais l’artillerie ennemie faisait de tels ravages que les soldats finirent par se débander. Vers 5 heures les premières troupes en retraite firent irruption dans Rouen. Dans la ville, on s’agite. La situation est critique. Elle le devient plus encore quand brusquement, le 5 décembre vers 5 heures du matin, on apprend que le général Briand et ses troupes ont évacué Rouen. La nouvelle se propage avec rapidité. Bientôt nul n’ignore que la ville est abandonnée à elle-même et que rien ne peut plus empêcher l’entrée des Prussiens. Le conseil municipal siège, tandis que devant l’Hôtel de Ville des individus armés s’assemblent et crient à la trahison. Plusieurs agents de la mairie sont malmenés par la foule. Bientôt la fusillade éclate, la salle de séance du conseil municipal est criblée de balles. La populace, sans les grilles qui l’entourent, se serait déjà ruée dans l’Hôtel de Ville. Faute de mieux elle pille les magasins d’armes. Mais tout à coup les rues se vident, les émeutiers disparaissent : les premiers corps prussiens entrent dans la ville. Les Allemands se trouvaient par le fait de la prise de Rouen, maître de toute la basse Normandie. L’occupation de la ville ne devait cesser que le 22 juillet 1971. Cependant le général Briand avait été remplacé dès son arrivée au Havre par l’amiral Mouchez. Le 7 décembre Leplieux envoie du Havre au Ministre de la guerre la dépêche suivante : Il est nécessaire qu’un ordre de marcher en avant soit prescrit formellement au commandant Mouchez. Le Havre est maintenant assez fortifié pour se défendre en cas d’attaque ultérieure… Indispensable pour bien faire donner la main à Faidherbe et à généraux dans Calvados et Eure. Force importante ici, mais initiative et organisation font entièrement défaut. Les erreurs de Rouen nous ont assez coûté. Le 16 décembre l’armée de Mouchez est encore au Havre ; et ce dernier est bien décidé à y rester. Leplieux avoue dans une de ses dépêches qu’il craint bien que cette résolution ne cause des émeutes. Cependant l’ennemi s’installe tranquillement sur les hauteurs des deux rives de la Seine à 7 ou 8 lieues de Rouen et s’y fortifie. Le 20 décembre Leplieux écrit la dépêche suivante : Si ordre précis et catégorique n’est pas donné aux généraux commandant en Normandie et aux canonnières de balayer les deux rives de la Seine au moins jusqu’à Rouen, le ravitaillement de Paris débloqué sera difficile. Par dépêche d’hier j’ai prouvé que l’ennemi établissait ses batteries sur les hauteurs des deux rives pour se défendre à quelques lieues de Rouen et empêcher la navigation. Pendant que l’ennemi est peu nombreux, agir d’urgence avec un général vigoureux. Nos forces se porteraient d’ailleurs ainsi vers Paris. Mouchez voit bien la nécessité de marcher en avant, mais il n’ose. « Il dit, écrit Leplieux le 23 décembre, manquer d’aptitudes pour un grand commandement sur terre, ne pas avoir assez de cavalerie ni assez d’officiers pour Etat-Major, ni pour diriger et administrer une armée en campagne. » Le 24 un engagement a lieu près de Bolbec qui enlève définitivement tout prestige à l’armée du Havre et toute confiance en son commandant. L’armistice vint brusquement faire cesser les opérations et sauver le Havre d’une reddition fatale. * M. Gaston Prinet (XCIV, 11) a dit ici même avec beaucoup de clarté quels furent en Normandie les lieux occupés par l’ennemi à la suite de l’armistice. Je me bornerai donc à citer certaines dépêches qui ne feront qu’ajouter quelques détails à la question : Le Havre, 31 janvier 1871, 7 heures du soir. Préfet à Gambetta intérieur Bordeaux. D’autre part le 1er février à 4 h 55 du matin le général Loysel envoie à Gambetta la dépêche suivante : Extrême urgence. Le commandant Harel rentre d’Alvimare. Le délégué prussien lui a mis sous les yeux texte convention signée par Bismarck et Jules Favre. L’armistice qui compte du 28 pour Paris ne commence que 3 jours après pour départements, il détermine ligne démarcation pour armée du Havre d’Etretat sur Saint-Romain, chaque armée doit se tenir éloignée de 10 km de cette ligne… Occupant Criquetot, Bolbec et Lillebonne je ne puis admettre que nous soyons rejetés sur la place. Je ne veux donc pas signer une stipulation ratifiant la ligne Jules Favre à moins que vous m’en donniez l’ordre formel… Je pense que Fécamp, Dieppe et tous les ports de la côte doivent nous appartenir. Loysel. Le jour même Loysel proteste de nouveau : « J’ai sous les yeux le texte de la convention… c’est une trahison. » De son côté, Carnot écrit au maire d’Honfleur : Vous devez protester avec une inébranlable énergie contre l’occupation prussienne d’un territoire libre au moment de la signature de l’armistice… Mais le 3 février, le général reçut la dépêche suivante, signée Jules Favre : Un armistice de 21 jours est conclu entre les belligérants ; c’est la difficulté des communications seule qui a empêché le gouvernement de Paris de vous transmettre le texte. Voici en ce qui vous concerne la ligne de démarcation ; je copie la convention. Elle partira de Pont l’Evêque sur les côtes du département du Calvados se dirigera sur Lignières dans le nord est du département de la Mayenne. Pour la Normandie du côté de la mer, la partie réservée à l’armée française est ainsi indiquée : la péninsule du Havre jusqu’à une ligne à tirer d’Etretat dans la direction de Saint Romain… Il n’y avait plus rien à dire. (col. 492-495) Claude Cairuam
L’INTERMEDIAIRE (30 juin 1931)
L’Ecole militaire de Paris fondée par Louis XV. — [Historique de l’Ecole militaire, son recrutement, son administrationcol. 536-540)
Molé après la Révolution de 1848. — Voici trois lettres, encore inédites, adressées par le comte Molé en avril 1849 à un de ses collègues, qui donnent d’intéressants aperçus sur ses opinions après la révolution de 1848 : [lettres du 25 avril 1849, 26 avril 1849 et 26 avril 1849 au soir] (col. 565-566).
JOURNAL
Je rédige des réponses pour l’Intermédiaire (Papesse Jeanne – l’affaire de Quiberon) [7 juillet 1931, inédit]. Claire, Luce et Jean viennent ici. A leur arrivée j’ai une grande déception. Je croyais qu’ils m’apportaient le dernier numéro de l’Intermédiaire. Or bien qu’il paraisse théoriquement le 30 juin, je ne l’ai pas encore reçu [9 juillet 1931, inédit]. Maman vient n’apportant pas l’Intermédiaire tant attendu [11 juillet 1931, inédit]. Après dîner, en regardant un vieux Figaro, je trouve la matière d’une réponse pour l’Intermédiaire (sur le député Migeon) [13 juillet 1931, inédit]. Toujours pas d’Intermédiaire ! Et dire que c’est aujourd’hui que paraît l’autre numéro [15 juillet 1931, inédit]. Je reçois enfin l’Intermédiaire […] Je me délecte dans l’Intermédiaire et fais des caricatures [16 juillet 1931, inédit] Ce matin je suis allé à Paris, en auto avec oncle Roger. J’ai été aux bureaux de l’Intermédiaire [20 juillet 1931, inédit].
L’INTERMEDIAIRE (30 juillet 1931)
Les origines du Club de Salm. — [extraits de journaux parus sous la Révolution : Courrier Républicain, Gazette nationale de France, Fanal]
Shakespeare ou Bacon ? — Je serais curieux de connaître les résultats des enquêtes entreprises dernièrement, au sujet des œuvres de Shakespeare que l’on veut attribuer à Bacon. (col. 624)
JOURNAL
Je suis interrompu dans mon travail par l’arrivée du courrier. Je reçois une lettre de Gramcht, une de Bruno et surtout l’Intermédiaire [Malagar, 5 août 1931, inédit].
L’INTERMEDIAIRE (15-30 août 1931)
Le corps de Desaix (f.G., 273 ; T.G.D. : 358 ; XCIV, 130). — Le Larousse du XIXe siècle rapporte ces paroles de Napoléon : A tant de vertus et d’héroïsme, je veux décerner un hommage tel qu’aucun homme ne l’a reçu. Le tombeau de Desaix aura les Alpes pour piédestal et pour gardiens les religieuses du Saint-Bernard. Le corps de Desaix fut embaumé à Milan le surlendemain de Marengo. Bonaparte arrêta alors qu’il serait transporté au couvent du grand Saint-Bernard et qu’en face de son tombeau serait érigée une table de marbre qui porterait les noms des régiments, des généraux et des colonels qui avaient pris part à la bataille de Marengo. Ce ne fut que le 19 juin 1805 – c’est-à-dire 5 ans après la mort de Desaix – que ses restes qui reposaient au couvent San Angelo, furent transportés dans la chapelle de l’hospice du grand Saint-Bernard en présence du maréchal Berthier. La cérémonie fut telle que Napoléon l’avait voulue, simple mais magnifique. Quinze compagnies de grenadiers escortèrent à travers les montagnes le corps du glorieux général. Quand ils parvinrent après de longues heures, au couvent, une marche funèbre et triomphale les accueillit. Le lendemain dès l’aube, des salves d’artillerie annoncèrent la cérémonie. Le service religieux fut très simple mais, – ceux qui y assistaient en témoignent – très beau. Emus de vénération et de regrets, dit le général Teste, nous déposâmes les restes du héros dans le marbre destiné à le recevoir. Des feux de bataillons exécutés sur les neiges éternelles et répétés toute la journée et bien avant dans la nuit vinrent clore ces célèbres funérailles. Imposant spectacle ! L’ombre de Desaix et le génie de Napoléon semblent encore planer du sommet des Alpes sur cette belle Italie, théâtre de nos plus éclatantes victoires. Ce tombeau dans les « neiges éternelles », sur cette haute montagne rendue praticable par les Français, n’est-il pas préférable à la plus magnifique des sépultures, fut-elle en France ? (col. 632-633) Claude Cairuam
Prophéties et curiosités sur Napoléon (XCIV, 329, 437). — La réponse que M. René de Vivie de Régie a eu la complaisance de me faire est presque, en plusieurs points, une véritable question. Qu’il se rassure ! Mon travail – qui du reste ne se bornera pas à Napoléon – est loin d’être aussi avancé que le sien paraît l’être. Mais je me fais un plaisir d’aider ici autant qu’il me sera possible mon obligeant confrère. Voici quelques curiosités sur Napoléon que j’ai réunies, et que je lui soumets aujourd’hui dans l’espérance qu’elles seront nouvelles pour lui et viendront enrichir son dossier. [Suivent un certain nombre de « curiosités »] Mais il faut se borner. Il y a tant de choses à dire sur cet homme, tout ce qui le touche est si passionnant qu’on serait tenté de continuer indéfiniment. Aussi peu superstitieux qu’on soit – et Dieu sait que je ne le suis pas – on ne peut s’empêcher d’être troublé par la mystérieuse destinée de Napoléon. Dans son abandon fataliste il y a quelque chose de très beau. Loin de le diminuer à nos yeux, cette foi en une force surnaturelle, cette superstition mystique, nous le fait, je trouve, plus admirer encore. (col. 633-637) Claude Cairuam
Le Théâtre politique. — Sous ce titre M. Jules Véran a publié dernièrement dans L’Echo de Paris un intéressant article d’où j’extrais ce passage : [suit un extrait de 15 lignes]. Voici sur cette même question une lettre encore inédite adressée le 11 février 1831 par l’ancien conventionnel Barère à M. Jullien, Inspecteur aux Revues [suit le texte de la lettre] (col. 664) Claude Cairuam
Léon Bouchard. — Que sait-on de M. Léon Bouchard (1830-1904) président de la Compagnie des chemins de fer de l’Etat, président de la cour des comptes et Grand Officier de la Légion d’honneur. Il fut en outre membre de nombreuses commissions militaires et financières. Sa vie, si bien remplie, mais un peu oubliée aujourd’hui, mérite, il me semble d’être rappelée. (col. 667). Claude Cairuam
JOURNAL
Je reçois l’Intermédiaire [3 septembre 1931]
L’INTERMEDIAIRE (15-30 septembre 1931)
L’abbé Mauriac sous la Révolution . — N’y a-t-il pas eu sous la Révolution un abbé Mauriac ? Dans ce cas que sait-on de lui et de sa famille ? (col. 669) Claude Cairuam
Collot d’Herbois, Billaud-Varenne et Barère (XCIV, 481). — Ces trois hommes qui, au Comité de Salut public, étaient des plus sanguinaires furent, on le sait, condamnés par la réaction Thermidorienne à la déportation. Billot et Collot partirent. Ce dernier mourut presque aussitôt des suites de son intempérance ; Billot lui – et ceci le juge – refusa sa grâce de Napoléon ; quant à Barère il sut, avec sa souplesse habituelle, se sortir de ce mauvais pas ; il ne partit pas. Des trois, je préfère Billaud-Varenne [rappel de sa carrière et plaidoyer pour lui]. Billaud-Varenne et Collot d’Herbois étaient, en résumé, d’effrayants sectaires qui restèrent fidèles à un idéal et à une conviction profonde. (col. 683-686)
Migeon, député du Haut-Rhin en 1859 (XCIV, 142, 256). — Dans la notice que notre confrère E.K. a consacré ici même à Jules Migeon, je relève cette phrase : « Le gouvernement l’accusant d’avoir… usurpé le titre de comte et porté illégalement le croix de la Légion d’honneur ». C’est en effet pour cex deux faits-là, surtout, que Migeon fut poursuivi, faits qui, on va le voir, eurent pour contre coup la « mise en quarantaine » dont il fut l’objet. [résumé de l’affaire]. Migeon était un homme fini au point de vue politique. Il entra alors complètement dans la vie privée et ne fit plus parler de lui. (col. 690-692) Claude Cairuam
JOURNAL
J’écris un article sur un côté de la névrose révolutionnaire : l’inconscience. Je compte l’envoyer à La Chronique médicale [5 octobre 1931, inédit] Je reçois une lettre du Dr A. Garrigues, directeur de La Chronique Médicale. Il me remercie « du très intéressant article » que je lui ai envoyé il y a quelques jours et il l’enregistre pour le publier le plus tôt qu’il le pourra – pas avant janvier en tout cas. Je suis très content [10 octobre 1931, inédit]. Je reçois – de Malagar – L’Intermédiaire que papa a du reste déchiré et Sali. Il a si peu soin des imprimés. [10 octobre 1931, inédit]. Je reçois un dossier et une lettre de M. R. de Vinie de Régis, mon confrère à l’Intermédiaire, rédacteur de plusieurs journaux napoléoniens. Je lui écris pour le remercier de sa très intéressante communication, et éloigner diverses demandes de collaboration ou autres (!!) parlant « d’un travail très important dont dépend le succès de ma vie, m’éloignant de mes occupations favorites, me retiendra 2, 3, 4 ou 5 ans ». Seulement je ne lui dis pas que c’est le bachot ! lui qui croit que je suis quelque vieux bonhomme ! [15 octobre 1931, inédit]. Je reçois l’Intermédiaire. [23 octobre 1931, inédit]. En arrivant à midi je trouve une lettre dont l’enveloppe, il faut le dire, était faite pour m’intriguer : Je trouve la matière d’une réponse plus substantielle à M. L. Barthou. [30 octobre 1931, inédit] Papa demandé au téléphone entendit demander… M. Claude Cairuam. C’était Louis Barthou qui voulait m’annoncer qu’une seconde lettre qu’il m’avait écrite lui était retournée… Papa fut obligé de décliner mon véritable nom… ce que l’ancien Président du conseil prit d’ailleurs fort bien… [7 novembre 1931] Je décachetai ce matin cette lettre de Barthou :
L’INTERMEDIAIRE (15 octobre 1931)
Document pour servir à l’histoire du patriote Palloy. — La saveur de la pièce significative que je livre aujourd’hui à la méditation des intermédiairistes ne leur échappera sûrement pas s’ils connaissent les antécédents du patriote Palloy adjudicataire des matériaux de la Bastille, qu’il sut écouler avec tant d’ingéniosité dans la France entière. Je respecte la forme de ce document si curieux qui ne fera qu’appuyer et compléter ce que dit Larousse : Palloy se retira à Sceaux, où il passa le reste de sa vie encensant dans de mauvaises pièces de vers chaque pouvoir nouveau qui arrivait : Napoléon, Louis XVIII et Louis-Philippe : Le 4 novembre 1826 Adressé copie à M. le Préfet (col. 808)
Claude Cairuam
L’INTERMEDIAIRE (15 novembre 1931)
Billaud-Varenne, secrétaire de Danton. — Comme le disait notre confrère Dedessulamare dans son portrait de Billaud-Varenne, ce dernier fut secrétaire de Danton. Le fait est certain, mais aucun des auteurs consultés ne donnent de références, de preuves, en un mot aucune précision de date et de durée. Ayant instamment besoin d’être renseigné je serais particulièrement reconnaissant aux intermédiairistes qui auraient, à ce sujet, des documents précis, de bien vouloir m’en faire part dans le plus bref délai. (col. 811) Claude Cairuam
Jugement rendu par la commission militaire de Bordeaux, l’an second de la République française. — Je possède une curieuse affiche dont le libellé ne manque pas de pittoresque. C’est l’énoncé du « jugement rendu par la commission militaire séante à Bordeaux » du 17 nivôse, l’an second de la République française une et indivisible : [suit le texte qui condamne les artistes du théâtre pour avoir joué la pièce « la Vie est un songe » et les exhorte à se « vouer à l’apostolat révolutionnaire »] (col. 855-856). |
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